ChatGPT, c’est ce prototype d’agent conversationnel développé par OpenAI dont nous vous parlions dans de précédents articles du Mag Lagoon. En effet, l’intelligence artificielle est une révolution qui ne concerne pas que les grands pays de ce monde : sur notre Caillou, nous comptons même quelques experts de cette technologie. Rencontre avec l’un d’entre eux, le fondateur de la startup iLearn, Mehdi Mahroug

Mehdi
© iLearn, une startup innovante !

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Salut Mehdi, et bienvenue sur le Mag Lagoon ! Tu es donc le fondateur d’iLearn, une startup qui apporte des technologies innovantes à la formation pro. Peux-tu nous en parler ? 

Mehdi : Bonjour le Mag Lagoon et merci pour cette interview ! Partons du constat que la formation traditionnelle, c’est un professeur ou un expert dans une salle qui dispense un enseignement à des apprenants qui écoutent, c’est ce qu’on appelle la formation descendante. En fondant iLearn, ma volonté était de me démarquer de ce format traditionnel pour proposer des solutions d’apprentissage différentes.

Aujourd’hui, nous savons que c’est la multimodalité qui favorise l’apprentissage. Les recherches montrent ainsi que plus les situations d’apprentissage sont variées – tant dans les supports que dans les exercices proposés – plus l’ancrage des connaissances va être efficace.  Ainsi, la multimodalité est à la base de la réflexion de la formation digitale. En ce sens, iLearn propose une ingénierie pédagogique utilisant plusieurs types de supports digitaux. Ces enseignements se font à distance, ce qui rend notre startup assez innovante sur le territoire. 

Mehdi
La multimodalité, la clé d’un apprentissage réussi ! ©GlobalExams

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Ces derniers temps, on t’a vu animer plusieurs présentations et autres conférences autour de l’intelligence artificielle en tant qu’expert de ce nouveau domaine. Quel est le niveau de maturité du territoire vis-à-vis de l’IA ? 

Au niveau du territoire, on avance bien. J’en veux pour preuve le fait que j’intervenais mercredi 21 février au Congrès. Cela montre bien qu’il y a une vraie volonté du politique de prendre en considération l’intelligence artificielle. Je pourrais aussi évoquer le programme « Kesk’IA » porté par Vaimu’a Muliava. Il en va de même pour la province Sud aussi qui a été très réactive au moment de prendre à bras le corps l’IA. De façon générale, et je pense qu’il serait intéressant de vérifier cela dans une étude, il est probable que la Nouvelle-Calédonie soit la collectivité française la plus rapide à avoir pris le pas et réagi vis-à-vis de cette innovation.  Ce qui est certain, c’est que vous ne m’entendrez pas parler d’un retard du territoire en matière d’intelligence artificielle. Bien entendu, il faut que cela continue de s’accompagner d’actes concrets. Des programmes comme « Kesk’IA » sont très positifs mais nous avons ici toute une jeunesse qu’il faut, à mon sens, former et informer rapidement sur ces outils. Cela évitera que nos jeunes se retrouvent en décalage avec le reste du monde ensuite et qu’ils subissent une concurrence mieux préparée à l’entrée du marché du travail.

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Tu dispenses également des formations professionnelles qui portent sur l’utilisation d’un outil bien précis, Chat GPT. Peux-tu nous dire en quoi ce chat bot peut être révolutionnaire pour les entreprises ? As-tu des exemples concrets à partager ? 

Bien sûr. Le premier avantage d’un outil comme Chat GPT ou Chat GPT+, c’est le gain de temps considérable qu’il permet. Prenons mon propre cas en exemple : actuellement, j’utilise Chat GPT pour recréer entièrement un programme de formation, quelque chose qui m’aurait pris autrefois entre une demi-journée et une journée pleine. Désormais, cela ne me prend qu’une demi-heure à peine car, quand on sait le guider, cet outil est capable de s’ajuster tout seul et de faire les choses de façon très précise. Quant à des cas concrets de gens qui l’utilisent, j’en ai des centaines à vous partager puisqu’à ce jour, j’ai formé près de 600 personnes à l’utilisation de cet outil. J’ai pu constater à quel point il était rentré dans le quotidien de certaines entreprises, et plusieurs de mes apprenants m’écrivent encore pour me raconter comment cela transforme leur façon de faire. Un autre de ses grands avantages, c’est l’agrégation de contenu. Avec la version Chat GPT+ notamment, on peut aller chercher sur internet différentes informations et les concentrer. L’outil est donc particulièrement performant et indiqué au moment de se débarrasser de ces tâches – parfois pénibles au quotidien – d’écriture et de reformulation. 

Notons toutefois que ChatGPT et ChatGPT+ ne sont pas les seuls outils auxquels je forme en matière d’intelligence artificielle. Je propose désormais des formations plus avancées sur l’IA et faisant appel à d’autres outils, comme Midjourney pour la création graphique ou encore le superbe outil développé par Google, Gemini, dont de prochaines versions paraitront bientôt. 

Mehdi
Mehdi, ici à un café de la province Sud sur l’IA © NeoTech

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Quels conseils donnerais-tu à des professionnels désireux de se lancer dans l’utilisation de Chat GPT ? 

Je leur conseillerais de ne pas s’arrêter à la difficulté première qui est de se dire « c’est pas mal mais je peux m’en passer » et donc « pourquoi en faire tout un plat ? ». Au début, on peut tâtonner et ne pas obtenir immédiatement des résultats concluants. On se dit alors que l’outil n’est peut-être pas si révolutionnaire que ça et on s’arrête là. C’est vraiment dommage car, si l’on se fait un peu violence, ces innovations nous offrent un gain vraiment énorme de productivité. Ce n’est d’ailleurs pas pour rien que des investissements majeurs sont placés dans l’intelligence artificielle et que le Président Macron a lancé le programme « France 2030 »avec une grosse emphase sur l’IA. Il s’agit véritablement d’un changement sociétal voire, comme l’a dit M. le Ministre Stanislas Guerini, d’un « changement anthropologique ». Il faut donc accepter les difficultés au départ et prendre ce temps d’apprentissage, s’informer, se former, lire, essayer, recommencer encore. 

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Quelles sont les prochaines perspectives que l’IA pourrait offrir au monde des entreprises calédoniennes ? 

Si je m’en réfère à mes clients et à ce qu’ils évoquent comme besoins, je dirais la confidentialité des données. Ce qui les dérange encore un peu avec ces outils, c’est le fait que ces modèles d’intelligence artificielle sont hébergés en SaaS, en ligne. Il n’y a donc pas de garantie d’une réelle confidentialité. Ces entreprises et leur personnel ont besoin de modèles, de systèmes locaux, installés dans l’entreprise avec leurs données d’entreprise sur lesquelles ils ont des garanties. Je pense que cela pourrait constituer un premier tournant.

Parallèlement, une autre piste dans laquelle je crois fermement, c’est la robotique. Je pourrais évoquer l’exemple de Tesla et son robot Optimus. On a vu des premiers robots à moins de 30 000 dollars qui sont capables de faire des tâches nombreuses et variées et d’apprendre par intelligence artificielle. Ce sont des robots auxquels vous pouvez enseigner des mouvements, par exemple la façon de préparer le petit déjeuner. Il va alors ensuite être capable, tout seul, de recommencer mais aussi de s’adapter à des nouveaux obstacles comme l’absence de certains ingrédients dans votre frigo… Pour moi, il s’agit clairement de l’étape supérieure. Bien entendu, nous n’y sommes pas encore mais d’ici 5 à 10 ans, il est très probable que ce genre d’innovations bouleverse encore plus notre quotidien que ce que fait l’IA en ce moment.

Mehdi
Les têtes pensantes de l’IA en Calédonie ! © NeoTech – TEDx Nouméa

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Un dernier mot pour les lecteurs du Mag, Mehdi ? 

Je voudrais remercier Lagoon pour cet article. J’ai eu la chance et le plaisir de collaborer avec eux dans le domaine de l’e-sport et j’ai découvert et apprécié leur appétence pour la nouveauté. Je suis persuadé qu’ils sauront trouver leur place dans ce secteur en pleine explosion qu’est l’intelligence artificielle. Affaire à suivre ! 

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